La Virgen de Candelaria à Chiantla, et Todos Santos, Guatemala

Samedi le 9 mars 2013

Nous partons vers 7h15 ce matin pour Todos Santos, un petit village de montagne très apprécié des gens qui aiment sortir des sentiers battus.  Surprise!  Robert,  notre chauffeur de taxi, a invité sa femme à venir faire une ballade pour la journée.  Ce serait impensable chez nous, mais nous avons souvent vu ce genre de choses en Amérique Latine.  Donc pas de problème pour nous mais elle s'assoie derrière.

Notre premier arrêt se fait à l'église de Chiantla, au pied des montagnes que l'on grimpera un peu plus tard.  L'église possède une statue en argent représentant la Virgen de Candelaria, une véritable oeuvre d'art datant de l'époque coloniale (1540-1560).  Les fidèles accourent de partout au pays pour la vénérer à l'image du Christ noir d'Esquipulas.  Une copie du Christ noir est d'ailleurs disposée près de la nef.

La Virgen de Candelaria, Chiantla, Guatemala

Nous reprenons notre route pour amorcer la grande montée jusqu'au faîte des Cuchumatanes.  Une ascencion de plus de 1500 m.  Mais la vieille voiture de taxi éprouve des problèmes.  Le moteur surchauffe et nous devons arrêter 3 fois pour le laisser refroidir.  Robert appelle son mécanicien qui lui dit d'enlever le thermostat de l'auto ce qu'il fera dès qu'on arrivera au mirador.

Le mirador nous procure une vue splendide sur la ville tout en bas et sur plusieurs volcans tout au loin:  Agua, Acatenango et Fuego, près d'Antigua; Santa-Maria près de Xela et juste en face, le Tajumulco qui est le plus haut volcan de l'Amérique centrale (4220 m).  Le mirador arbore une série de stèles où l'on peut lire un poème célèbre sur des plaques de bronze.  Une groupe de jeunes filles de l'endroit nous récitent le poème moyennant de la menue monnaie.  C'est charmant même si l'on sent que le coeur n'y est pas vraiment!

Huehuetenango en bas et volcan Tajumulco tout au loin

Les réciteuses de poème!

Environ une demie-heure plus tard, alors que Robert a fini sa réparation, nous terminons la montée puis cheminons un bon moment dans une plaine qui tapisse le sommet à cet endroit.  Nous  arrêtons dans un petit restaurant typique pour prendre notre petit déjeuner, lui aussi typique: oeufs brouillés, fêtes noires, fromage frais et tortillas maison.  C'est simple mais très bon!

Nous reprenons la route et après une autre demie-heure, nous entreprenons la longue descente abrupte qui nous mènera au village de Todos Santos.  En chemin nous nous arrêtons au sentier écologique La Maceta.  Un guide local, Ovidio, nous propose ses services dans un espagnol très approximatif, lui qui ne parle que le Mam, l'une des 22 langues Mayas du Guatemala.  Il nous indique que la montée vers La Maceta prend environ 20 minutes.  Nous y allons et, après avoir grimpé abruptement durant 45 minutes arrivons à bon port.  Une immense pierre, ressemblant à un menhir géant, trône au milieu de l'escarpement.  Elle est chapeautée d'un arbre qui a réussi à s'y établir contre toute attente.  De là la vue sur la vallée est magnifique et sans doute que ce serait  plus extraordinaire s'il y avait de l'eau car durant la saison des pluies, les chutes abondent ici.

La maceta

Ovidio et Hélène sur des sièges taillés dans la pierre

Après ce bel exercice très cardio en haute altitude, nous continuons notre descente dans la vallée pour arriver à Todos Santos à 2400 m.  C'est jour de marché en ce samedi et les paysans viennent de toutes les montagnes autour pour vendre ou acheter:  Fruits, légumes, viande, médicaments (même les antibiotiques sont vendus sur une table au marché!), matériel pour tisser, toiles, vêtements, chaussures, etc.  Le marché, qui occupe une grande bâtisse à trois étages, déborde sur toutes les rues aux alentours ainsi que sur le parvis de l'église.  Comme c'est joli de voir tous ces hommes en costumes traditionnels:  pantalons rouges rayés blanc, pantalon-couche en laine, chemise tissée avec col et poignets tissés-brodés, chapeau de paille avec ruban.  Les femmes aussi revêtent pour la plupart des vêtements traditionnels mais c'est la première fois qu'on voit tant d'hommes en porter.  Ailleurs, l'armée associait indigène traditionnel à guérilla ce qui incita la plupart des hommes à adopter les vêtements modernes.  Dans la région de Todos Santos, des milliers de personnes innocentes, hommes, femmes et enfants, furent exécutées par l'armée dans les années 1980 et 1990.  Aujourd'hui, le pays est dirigé par un ancien général...

Après avoir visité tout les recoins du marché, nous nous promenons au hasard dans les quelques rues du village.  Nous visitons le Centre d'artisanat des femmes puis découvrons dans une ruelle le petit musée Balam.  Doña Susana et son mari recueillent depuis des décennies des antiquités et parfois des pièces précolombiennes.  Le musée situé dans deux pièces à côté de leur maison est très exigu et les objets sont disposées ici et là.  C'est tout de même très sympathique et surtout très agréable de voir que des gens se soucient de protéger leur patrimoine culturel sans aucune aide de l'État.

Un petit Maximón-San Simón au musée
car le curé n'apprécie pas du tout

Une belle pièce précolombienne parmi d'autres. Provenance inconnue.

Doña Susana et Hélène

Il fait maintenant très chaud et après trois heures de balade dans le village, nous ressentons le besoin de nous désaltérer un peu.  Une bonne bière ferait donc du bien.  Mais voilà qu'on apprend que l'alcool est banni du village.  Déception!  Toutefois, une jeune dame s'empresse de nous dire que si l'on est d'accord pour boire à l'abri des regards, elle aurait deux bonnes bières Gallo pour nous.  Nous montons donc à une terrasse privée avec vue sur la montagne et savourons encore plus notre bière défendue tout en admirant le panorama.

Nous rejoignons notre chauffeur et sa femme vers 14h30, arrêtons à la fontaine du parc central,  puis retournons sans problème à Huehuetenango.  L'auto a tenu le coup et a pu remonter les côtes sans surchauffer.  Et, comble de bonheur, les freins ont bien fait leur travail lorsque l'on est redescendu vers la ville.  Ouf!  Il y a quelques années, plus de 50 personnes sont mortes lorsqu'un chicken bus a manqué de frein et plongé dans le vide pour s'écraser plus bas.

De retour à l'hôtel, on trie les photos, écrit le blogue, vérifie les courriels, paye les comptes qui arrivent tous par Internet, etc.  Ce soir nous sommes allé souper à une patisserie qui donne sur le parc central.  Nous avons goûté un échantillon de leurs nombreux gâteaux après souper hier et comptions bien en profiter encore ce soir.  Ils offrent aussi des salades et des pizzas qui semblent très intéressantes... Juste en face sur la place publique, il y a un gros spectacle avec musiciens et chanteurs.  Il doit bien y avoir 2000 personnes qui assistent à concert.  Le bruit est assourdissant mais nous sommes dans l'ambiance de la fête!  Viva Huehuetenango!